La musique traditionnelle du sud des Appalaches est appelée : « old time »
Cette musique s’inspire des mélodies pour violon des îles britanniques influencées par la musique africaine.
Fiddle (le violon)
Les irlandais, écossais et anglais ont emmené leurs « fiddles » au Nouveau Monde. Le « fiddle » est tout simplement un violon dont le chevalet est un peu aplati, pour que les « double cordes » ( 2 cordes à la fois ) soient faciles à jouer. Cette technique est utilisée pour rappeler les bourdons si présents dans la musique irlandaise et écossaise. Pour l’accompagnement d’une mélodie celtique, la marionnette Willy joue un bourdon cornemusesque sur le forge-soufflet.
Au début du 18ème siècle, beaucoup d’écossais/irlandais se sont installés dans les montagnes de West Virginia. Isolés, ils ont peu subi l’influence de la musique de danse anglaise prévalant en Virginia de l’est ( voir contexte historique de Ben’s Canoe ). Du coup, dans les airs « ouest-virginians », on perçoit les tonalités celtiques traditionelles.
Merci à David Lynch: www.oldtimemusic.com
Un bon violoneux était très valorisé par sa communauté. La musique « old time » était une musique de danse. Chez les gens, on jouait pour le plaisir, et on chantait des chansons et des ballades. Il n’y avait pas de « concerts ». Chaque région avait son propre style. Jusqu’à la venue de la radio et des enregistrements, les airs et chansons se sont transmis par tradition orale.
Le Banjo
Les premiers banjos d’Amérique sont venus d’Afrique. Cet instrument, appelé aussi banjar, bangie, banjer ou banza était joué au début du 17ème siècle par les esclaves africains. Ils construisaient leurs instruments à partir de gourdes, de bois et de peaux tannées, et utilisaient du chanvre ou du boyau pour faire leurs cordes.
Le banjo « standard » du 18ème siècle avait 4 cordes en boyau, et sur le manche, il n’y avait pas de frettes. Au début du 19ème siècle, on a rajouté une corde aiguë (qui se joue avec le pouce de la main droite), qui a sa cheville au milieu du manche. Plus tard, les cordes en métal remplacèrent celles en boyau, et les frettes sur le manche furent rajoutées.
Valerie Loomer, dans le rôle de Mabel, joue sur une copie d’un banjo du début du 19ème siècle. C’est un modèle encore utilisé de nos jours pour la musique « old time ». Dans le spectacle Le Violon du Forgeron, le violon et le banjo jouent en duo : The Grumbling Old Man & The Growling Old Woman ( Le vieux qui marmonne et la vieille qui grogne ! )
Le premier écrit mentionnant des blancs qui jouent du banjo date de 1773, en provenance d’une plantation de Virginie. Philip Fithian, scandalisé, a noté dans son journal que deux garçons à sa charge (des adolescents) avaient passé la nuit à jouer sur des banjers avec les nègres. Ces garçons étaient, par ailleurs, en train d’apprendre la guitare, le pianoforte et le violon. Selon le rapport de Fithian, nous pouvons déduire qu’en Virginie, une ou deux générations après que le banjo soit arrivé : les blancs des plantations avaient encore un préjugé contre l’instrument, mais qu’il commencait à attirer l’attention des jeunes musiciens blancs. Il était surtout joué par les afro-américains.
Merci à Odell McGuire
Une Légende …
La musique « old time » prend racine au milieu du 19ème siècle lorsque, quelque part dans le sud rural des États Unis, un violoneux irlandais rencontre un joueur de banjo africain. Les deux se mettent à jouer des mélodies, pendant des heures et des heures, jusqu’au moment où leur musique n’est plus ni irlandaise ni africaine : ils ont créé un rythme bondissant, pressant, hypnotique qui donne aux gens l’ irrésistible envie de danser, où qu’ils soient, jusqu’à tomber de déshydratation.
Merci au BBC: American Southern Old-Time Music
Le Dulcimer
Le diable Chuck tape avec les marteaux sur une enclume qui s’avère contenir un dulcimer (une version petite et simple)
Le mot dulcimer vient du mot latin dulce et du mot grec melos, qui, ensemble, veulent dire : « douce mélodie ». Le dulcimer trouve ses origines dans les Pays-Bas vers 1400, peu après la découverte d’une technique bon marché pour fabriquer des cordes en métal solides. Le dulcimer est un « parent » du psaltérion, leur différence essentielle étant que les cordes du premier sont tapées, alors que celles du deuxième sont pincées. Parmi les variantes primitives du dulcimer, on retrouve le tambour de Béarn. Pendant le Moyen-Age et la Renaissance, le dulcimer était utilisé pour la musique populaire, autant en Europe de l’est que de l’ouest. En France on l’appelle tympanon, en Allemagne : hackbrett ( planche à couper !), en Hongrie : cymbalom, en Grèce : santouri, et en Inde, en Turquie et en Iran : santour.
On ne connait pas le moment de l’arrivée du dulcimer en Amérique, mais le premier écrit concernant cet instrument date de 1717 à Salem, Massachusetts. Pendant les 18ème et 19ème siècles, le dulcimer était un instrument banal aux USA. Il s’est fait plus rare à partir de la fin du 19ème siècle, lorsque le piano est devenu populaire. Cependant, dans les régions rurales, grâce à sa simplicité et sa facilité de transport, le dulcimer était beaucoup plus utilisé que le piano. Dans le nord, où il y avait de grandes exploitations de bois, on l’appelaient le piano du bûcheron. Mais, le nom américain le plus drôle pour le dulcimer est : whamadiddle !
Dans les montagnes Appalaches, on a utilisé le mot dulcimer pour désigner un instrument à frettes d’origine allemande, le sheitholt, qui est similaire à l’épinette des Vosges. Dans un souci de clarté, cet instrument est appelé « dulcimer à frettes » ou appalachian dulcimer, et l’autre est appelé hammered dulcimer (dulcimer à marteaux). Cependant, le « dulcimer à marteaux » est aussi largement utilisé en Amérique pour la musique des montagnes Appalaches, ainsi que pour la musique irlandaise. Nous utilisons le notre pour accompagner Kesh Jig.
Merci à Nicholas Blanton